Argument
Aujourd’hui en France, près de trois cents quatre-vingt mille mineurs se trouvent dans une situation relevant de la protection de l’enfance, soit un mineur sur cinquante.
Parmi eux la moitié sont "confiés" à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) c’est-à-dire bénéficient d’une mesure de placement en institution ou famille d’accueil.
La prévalence des troubles psychiques chez ces enfants est cinq fois plus élevée que dans la population générale.
Leur vie psychique requiert donc une attention soutenue tant de la part de la psychiatrie infanto-juvénile que de la part de l’ensemble des professionnels au contact de ces enfants, sans oublier, bien entendu, les pouvoirs publics.
La souffrance psychique précoce induite par des carences affectives et éducatives, des situations de maltraitance, d’abus et autres, entrave le développement de l’enfant, et vient déterminer des situations de handicap. Cependant, il serait réducteur de s’en tenir à ce simple enchaînement. Il est donc nécessaire de préciser quels troubles psychiques sont repérés chez les enfants confiés et d’aborder de façon plurielle et croisée les différentes hypothèses de compréhension de ces difficultés.
La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent doit d’abord écouter les besoins des enfants et les attentes de la société, en particulier celles de la protection de l’enfance et de la justice. Entendu que la plupart du temps, la protection doit être première pour que les soins puissent s’installer, qu’en est-il de la réalité de terrain, dans un contexte où tous les services de l’enfance sont en difficulté ?
Les obstacles considérables rencontrés aujourd’hui par les professionnels de l’enfance et de l’adolescence ne doivent pas nous empêcher de réfléchir aux conditions et propositions actuelles de soins psychiques pour les enfants confiés.
Quelle place occupe le secteur de pédopsychiatrie dans ces soins ?
S’agit-il de soins directs dans nos structures, de travail en réseau et de lien avec nos partenaires ?
Quelles places occupent les outils spécifiques tels que les équipes mobiles dédiées ou les Accueils Familiaux Thérapeutiques … ?
Loin de nous contenter de l’existant, nous, pédopsychiatres de secteur avons à penser les soins psychiques de demain, des soins renouvelés pour ces enfants confiés. Le secteur, dont nous souhaitons une refondation, doit-il se transformer tout particulièrement pour les enfants confiés ? Quels outils thérapeutiques spécifiques pertinents doit-on maintenir, inventer ou réinventer et quelle prévention pour ces enfants fragilisés ?
Telles seront les nombreuses questions qui seront travaillées en conférences, tables rondes et ateliers dans ces 37èmes journées Nationales de l’API qui fête son 40ème anniversaire.

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