Ce colloque se propose d’explorer la langue telle qu’elle se déploie dès les premiers babils, puis dans sa dimension symptomatique mais sans oublier sa dimension « savoureuse ».
C’est à savoir celle des premiers signifiants de « lalangue » maternelle, celle qui en vient à se sublimer par exemple dans le goût des belles phrases. De fait, par sa polysémie, l’expression tirer la langue se prête à faire entendre les souffrances d’un enfant dans la langue comme la provocation agressive, mais aussi sa consistance érotique et de jouissance. Ainsi ces journées pourraient venir tirer la langue à une pratique de la psychanalyse toute symbolique et tenter de lui restituer sa dimension érotique.
En suivant le fil diachronique, c’est d’abord un bébé tire la langue, et cela dans un geste de séduction. À son babil, « baba bah, mama m’a… » répond le mamanais des parents. Et pour illustrer le travail avec « lalangue » dans un mouvement institutionnel,
l’expérience londonienne de Bubble & Speak nous sera rapportée.

Une fois la langue acquise, vient un enfant tire la langue. C’est le temps de son usage
à son gré, qui peut simplement d’abord consister à refuser de la parler.
Et, devant le mutisme de ces enfants, autistes ou pas, on leur dit peut-être trop légèrement qu’ils ont perdu leur langue.
Car à se présenter langue pendante, l’autre maternel peut y voir la figure du diable. S’y trouvent aussi les « mauvais usages » de la langue. Ceux d’enfants qui, par exemple, zézaient ou suçotent, gardant dans leur langue ce temps béni du sein maternel, et qu’une armée de psys et d’orthos se proposent de discipliner, de faire rentrer dans le rang.
Alors, cet enfant devient TOP, dans le sens malheureux que lui attribue le DSM d’un enfant troublé par l’opposition et la provocation. Or, cette langue « troublée » peut en outre déraper facilement et aussi fourcher, nous ramenant ainsi aux fondements de la psychanalyse avec les lapsus et autres trébuchements de langue. Et puis la langue de l’enfant, pour être unique dans son code, quand elle rencontre celle de l’adulte dans sa
dimension érotique, ne provoque-t-elle pas cette confusion des langues évoquée par Ferenczi, avec sa possible transmission générationnelle des signifiants de cet abus ?
Enfin, cette langue, il est aussi possible de la parer, de l’embellir, particulièrement
à l’adolescence. Alors, ces piercings qui apparaissent au bout de la langue tirée d’un
adolescent et dont la dimension érotique est évidente, ne fonctionnent-ils pas aussi
parfois comme des passages à l’acte en continuité avec les trébuchements de la langue de l’enfance ?
Ainsi dépliées, espérons que ces langues nous mettront en appétit malgré leurs travers, certains.

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Programme
SAMEDI MATIN
9h30
Accueil, Inscription, Café

10h - 12h30
Un adolescent tire la langue
Président : Paul Alerini

Hervé Bentata
Ouverture. Un enfant tire la langue :
de la provocation à la séduction archaïque

Elisa Dos Mares Guia Menendez
Une langue tirée d’adolescente :
transfert et différenciation
Discutante : Simone Wiener

Lorena Escuredo
Du ravage au rivage, un trou dans la langue
Discutant : Paul Alerini

SAMEDI APRÈS-MIDI
14h30 - 17h30
Un enfant tire la langue
Présidente : Cecilia Gruau

Isabelle Châtelet
Les mots ne voulaient pas sortir
Discutante : Marie-Ange Baudot

Sylvain Maubrun
Le diable au bout de la langue
Discutante : Isabelle Thomas

Paul Alerini
Confusion de langue. Confusion des genres.
Lingua Franca
Discutantes : Naima Benaissa, Cecilia Gruau

Dominique Simonney
Le passage de la ligne
Discutant : Vincent Clavurier

18h
Cocktail, le temps des papilles

DIMANCHE MATIN
10h - 12h30
Un bébé tire la langue
Présidente : Kariny Torres Madureira

Xavier Fourtou
Les enfants anglais tirent la langue
Discutants : Lotte Bredt, Sylvain Maubrun

Marie-Christine Laznik
Quand le bébé tire la langue, c’est pour séduire
Discutant : Hervé Bentata

INSCRIPTION, RENSEIGNEMENTS :
Sur place, par téléphone 06.11.26.62.03
ou mail m.mcloughlin@free.fr