Depuis plusieurs années, les CMPP des Hauts-de-France, avant même que la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais soient fusionnés, se réunissent pour échanger sur l’actualité qui est la nôtre et partager autour des pratiques en ateliers avec différents professionnels. Les Journées d’étude nationales de la FDCMPP à Lille, en novembre 2016, ont relancé le désir de rencontres régulières depuis la rentrée 2017. Le format a changé et les rencontres se tiennent sur Amiens (parfois Arras), une fois par trimestre environ et permettent à différents professionnels d’échanger. Le choix de ces lieux a été fait en raison de la position centrale des deux villes dans la région.

Dans le cadre de ces rencontres, une première journée régionale de colloque des CMPP de la « Picarchtie » s’est tenue sur le langage, le 26 novembre 2019.

Nous souhaitons renouveler cette expérience et souhaitons constituer un comité de pilotage pluridisciplinaire d’élaboration et d’animation de cette journée, où il nous semblerait intéressant que chaque CMPP puisse être représenté.

Nos sociétés, depuis des siècles, sont confrontées à de nombreuses crises, relationnelles, sanitaires, économiques… Crises entremêlées à de nombreuses évolutions, découvertes, progressions…

La psychanalyse est née dans un de ces moments d’évolution avec le développement économique du charbon et de l’acier. Freud, médecin, a construit sa théorie, parfaitement matérialiste, dans le sillage du développement de la médecine scientifique.

Avec l’invention d’un traitement par la parole des troubles psychiques, sa visée est de rendre compte de la complexité des mécanismes mis en œuvre dans la psyché humaine, sans recours à l’obscurantisme. Elle a développé une clinique du sujet à ne pas confondre avec l’essor actuel de l’individualisation, corolaire du développement de l’individualisme.

Celui-ci se développe après les guerres mondiales, l’avènement des totalitarismes, puis leurs chutes qui permettent son triomphe dans l’ultra libéralisme. Au passage, la donne économique a changé : s’appuyant après-guerre sur une économie du roi pétrole, les flux financiers dominent le monde et ce monde là semble fonctionner sans limites, il n’a nul besoin de règles, au contraire, moins il y en a, plus les flux circulent. On notera que dans cette période, l’assouplissement des règles donne une impression de plus grande liberté, mais au prix d’un délitement des liens inter humains. De nombreuses victoires sont revendiquées sur le plan politique et humain. Une relecture de l’anti Œdipe de Guattari et Deleuze pourrait nous faire réviser ce point de vue : ce qui a changé, c’est tout ce qui permet la rapidité des flux qui eux ne s’encombrent d’aucune valeur dite humaine.

La question des flux et de l’accélération de leur circulation à travers le temps nous interroge.

Notre vie est prise dans un flux constant et donc toute chose, dont l’archive, est une construction provisoire permettant une stabilisation construite par le sujet lui-même.
Dans tous les domaines et tout particulièrement dans les soins et le secteur social de nouvelles capacités adaptatives sont sollicitées privilégiant mobilité et flexibilité des "acteurs" comme des "usagers".

Ce n’est peut-être pas un hasard si dans ce contexte de mutations sociétales, où la notion de circulation est privilégiée, émerge une maladie comme la covid remarquable à la fois par sa grande capacité de mutation et de circulation.

La crise sanitaire que nous avons tous connue avec l’apparition d’une pandémie moderne, sa gestion hasardeuse, dangereuse selon certains a bouleversé nos habitudes, quelques-unes de nos représentations, ébranlé des certitudes.

Dans cette période en CMPP nous nous sommes tenus autant que possible auprès de nos patients et souvent de leur entourage.

  Que pouvons-nous en dire ?
  Avons-nous appris quelque chose ?
  Quelles conséquences sur les représentations de nos jeunes patients ?
  Y-a-t-il eu une modification dans notre relation avec nos patients ?
  Est-elle durable ?

Tout cela est sans doute le signe que nous sommes au moins dans un moment de bascule vers une autre façon de vivre encore inconnue mais à construire. Les psychanalystes seront-ils en mesure de participer à la construction d’un nouveau projet social et politique, ou bien la psychanalyse disparaîtra- t-elle dans les poubelles de l’histoire ?

Comment les CMPP lieux de pluridisciplinarité, et donc en capacité de mener un travail de réflexion, peuvent-ils s’inscrire dans cette démarche ?

Nous partons de l’idée d’ouvrir cette journée de réflexion et d’échange sur la question des « FLux, mutations et nouvelles demandes en CMPP » avec 3 volets à travailler autour de cette question : les nouvelles demandes des familles et des enfants (question du genre, autisme…) / les nouvelles demandes des partenaires / les nouvelles demandes des pouvoirs publics (plateformes…) – la notion de flux traversant ces 3 champs.

Ateliers programmés :

Mutations sexuelles (questions de genre, impact des bio-technologies, etc)
Mutations migratoires (Asile / circulation, etc)
Mutations des demandes et de la clinique
Mutations virales (conséquences, remaniements psychiques, etc)
Mutations du travail (refonte des annexes, techno-gestion, algorithmes, etc)
Mutations des pratiques (Psychothérapies, mises en réseau, etc )