Les pédopsychiatres de la Fédération Française de Psychiatrie alertent sur l’importance majeure de la scolarisation et de la socialisation pour le développement des enfants. Comme nous l’avons exprimé dans un communiqué le 25 mai 2020¹, et à l’heure où certains insistent sur la fermeture des écoles autour des vacances d’hiver, nous réitérons l’alerte au gouvernement et à la population.

Depuis un an, les conséquences psychiques de la situation sanitaire, avec les restrictions qu’elle impose, sont manifestes.

Le repli sur le foyer, la diminution importante des contacts familiaux, amicaux, des loisirs, la peur d’un extérieur représenté comme menaçant, font surgir chez les enfants de profondes inquiétudes. Celles-ci se manifestent à tout âge par des troubles du sommeil résistants ; les petits s’expriment par des pleurs répétés et longs lors des relais, des crises à la frustration, des tensions corporelles, des troubles du langage ; les plus grands par des phobies sociales, des troubles anxieux, de l’attention, des difficultés dans les apprentissages ; les adolescents par des affects dépressifs à l’origine de scarifications, des idées suicidaires, voire des tentatives de suicide, une baisse des compétences sociales et scolaires, des refus scolaires, des troubles du comportement. Les violences intrafamiliales augmentent et les inégalités se creusent dans tous les domaines. Les demandes de consultation ou d’hospitalisation affluent dans les services publics de pédopsychiatrie entravés dans leurs réponses par l’insuffisance de moyens préexistants, insuffisance dénoncée de longue date.

Pour que l’enfant ait suffisamment confiance en lui et dans le monde extérieur, pour qu’il grandisse harmonieusement, malgré la peur du virus et les contraintes associées, il importe qu’il ait accès à des lieux extérieurs à son foyer. Les expériences de socialisation sont source d’acquisition d’une autonomie progressive, d’une ouverture au monde et d’apprentissages diversifiés indispensables à son développement et à sa projection positive dans l’avenir.

Suite à l’avis des pédiatres qui constatent l’absence de forme grave de la COVID 19 à cet âge, nous soulignons à nouveau combien il est indispensable de préserver la santé mentale de nos enfants en maintenant coûte que coûte leur scolarisation et en leur offrant des lieux d’activité parascolaires, culturels et sportifs.
__

¹ Tous les enfants à l’école, dans les lieux d’accueil collectifs et de soins : Une urgence psychique et développementale !