En 2013, une nouvelle rubrique apparaît dans le manuel DSM-5, les « Troubles du Neuro-Développement » (TND). Ces derniers « se manifestent typiquement précocement »* et sont « caractérisés par des déficits »* entraînant « une altération du fonctionnement personnel, social, scolaire ou professionnel »*. Désormais entérinés par la CIM 11 à l’échelle internationale, les « TND » regroupent plusieurs symptomatologies hétérogènes l’une à l’autre dont lesdits « TSA », « TDAH », « TSLA » etc.
Les autorités de santé françaises ont fait le choix de s’aligner sur ce système descriptif promu abusivement au rang de diagnostic, les statistiques faisant consensus. Elles ont mis en place des « plateformes d’orientation et de coordination » dont le but est de prévenir, diagnostiquer, traiter précocement les sujets (nourrissons, enfants, adolescents et bientôt adultes) présentant une des « pathologies » de cette liste de TND. Ces plateformes répondent à des besoins de santé publique, mais suscitent de vives inquiétudes du fait de leurs orientations théoriques. Elles font valoir leur référence aux neurosciences pour en faire l’instrument pseudo-scientifique influent d’une politique d’interventions protocolisées.
Les cliniciens se référant à la psychodynamique, dont les psychanalystes, affrontent la complexité et la richesse de la clinique, comme les difficultés de la dynamique relationnelle dans le soin. Ils ont à coeur de défendre le devenir de la pédopsychiatrie, d’éviter que les institutions de soin existantes (pédopsychiatrie de secteur, CMPP dans le médico-social, etc.) ne soient marginalisées, voire court-circuitées, afin que tout enfant ou adolescent présentant d’autres problèmes psychiques y ait accès et puisse y faire entendre sa parole.
Nous aurons à débattre sur la pertinence des réalités cliniques que recouvriraient les « TND », en prenant soin de distinguer les neurosciences de leur instrumentation idéologique et de prendre en compte les avancées de la neuropédiatrie. Nous ferons le point sur les incidences des « plateformes » en nous demandant si cette standardisation de la clinique a des conséquences sur nos pratiques cliniques (en institution et en libéral) articulées au transfert, à la parole et au langage, dans une rencontre toujours singulière.

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